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L'arrivée en puissance des compagnies low cost sur le long-courrier

lundi 24 avril 2017

Depuis le lancement de lignes low cost long courrier, les acteurs se multiplient sur ce secteur avec des prix jamais vus auparavant. Les compagnies historiques de l'aviation civile, déjà touchés par le low cost moyen courrier, devront se réinventer pour rester concurrentielles. 

Quelles sont les compagnies low cost qui proposent des vols long-courriers ?

Nous sommes maintenant habitués aux compagnies low cost sur le moyen-courrier : les compagnies sont même obligées de proposer des offres toujours moins chères comme les billets à 5€ mis en vente par Volotea. Ryanair va même plus loin en arguant pouvoir proposer des vols gratuits d'ici 5 ans !

En 2014, Norwegian jette un pavé dans la marre en proposant les premiers vols low cost Europe - USA : à partir de 225€ un vol Londres - New York. Depuis, beaucoup d'autres compagnies low cost proposent des offres similaires : XL Airways, Wow Air, Eurowings ou encore Jetstar, Asia X et Scoot en Asie. Le journal "Les Echos" expliquent qu'on peut aujourd'hui trouver des vols Paris New York pour 400€ et pour les offres les plus attractives : Barcelone - Los Angeles à 99 euros ou Dublin-New York à 69 euros en Boeing 737 par exemple. Néanmoins, ces prix sont parfois des offres limitées et toujours des prix de base. Un vol Paris - Los Angeles affiché à 270€ (Norwegian) peut coûter 900€ si vous prenez des options payantes. Cela n'empêche pas de voir l'offre exploser : 18 nouvelles lignes low cost long-courrier s'ajouteront cet été aux 50 lignes déjà en place.

Alors, est-ce intéressant pour le consommateur ?

Dans les faits oui. La différence avec les compagnies classiques c'est que vous ne payez uniquement que ce dont vous avez besoin. Les prix peuvent donc être très avantageux si vous n'achetez que le billet avec le prix de base. Cela veut parfois dire : pas de date précise (il faut être prêt à partir à la dernière minute), pas de bagages en soute, pas de repas à bord, pas d'assurance voyage (souvent inutile car elle peut être comprise via le paiement avec votre carte bancaire), réserver et payer de la manière la plus avantageuse (par exemple : Ryanair propose 2% de réduction si vous payez via PayPal). Cela peut donc vraiment valoir le coup à condition de limiter au maximum les frais et de prendre le temps d'organiser cela. C'est souvent beaucoup de recherches mais ça peut vous faire économiser des centaines d'euros.

Pourquoi ce n'est pas cher ?

Les billets d'avion de ces compagnies coûtent donc vraiment, vraiment, moins cher : avec un tarif moyen (de base) de 450 euros pour un aller-retour Paris - New York, c'est 20 % à 50 % moins cher que les compagnies traditionnelles comme Air France par exemple. Mais comment est-il possible de proposer de tels écarts de prix ?

Les compagnies low cost long-courrier appliquent la même méthode qui a fait leur succès pour les vols moyen-courriers, à savoir :

  • Utilisation d'avions récents et de même modèle (permet de minimiser les frais d'entretien et de carburant)
  • Grand nombre de sièges à bord
  • Prix d'appel et services complémentaires payants (et très rentables)
  • Salariés moins bien payés, plus productifs et moins nombreux
  • Aéroports secondaires (les taxes sont moins coûteuses, Beauvais pour Ryanair par exemple)
  • Utilisation intensive des avions (Norwegian utilise un Boeing 787 environ 6 000 heures par an contre 4 600 à 5 000 heures pour un 777 d'Air France)

Cela leur permet d'afficher des prix de base sans précédent comparés aux compagnies "normales". On peut aussi s'interroger sur les indemnisations des passagers : certaines compagnies (pas toutes) low cost refusent de les payer, est ce pour économiser de l'argent ? Peut être. Cette indemnisation s'élève jusqu'à 600€ pour les vols retardés, annulés ou surbookés. On considère aujourd'hui que 70% des passagers aériens ne connaissent pas leurs droits et de ce fait ne la réclame pas.

En plus de cela, la technologie des avions a permies le développement de ces lignes long-courriers. Les moteurs actuels sont aujourd'hui plus performants et permettent à des petits avions (A320, 737), moins cher à l'achat, de traverser l'Atlantique. Ces aéronefs présentent un autre avantage : ils peuvent être utilisés pour des vols moyen et long courriers, ce qui permet une fois de plus de baisser les coûts.

Comment le vivent les compagnies aériennes traditionnelles ?

Difficile de faire face

Le low cost moyen-courrier a déjà fait tomber plus d'une compagnie aérienne. En 20 ans, Ryanair, easyJet et ses homologues ont conquis plus de 40% du marché européen. Les compagnies comme Air France sont basées sur les hubs (Paris CDG, Londres Heathrow...). Ce qui est à la fois une force (plus de choix, de correspondances) et une faiblesse (temps d'escale plus long, les avions sont donc utilisés moins intensivement). Les compagnies classiques ont donc l'avantage du choix, de la qualité du service (billet tout compris) mais elles pèchent sur un point important : le prix du ticket.

Les répliques possibles

Une des solutions envisagées pour contrer cette concurrence est : créer une filière low cost long-courrier. Autrement dit, emboiter le pas aux compagnies low cost pour récupérer des parts de marché, quitte à cannibaliser leur propre marque. Explication : si un billet pour la même destination est vendu 100€ par Transavia et qu'il coûte 200€ à Air France, le client choisira Transavia et Air France perd donc un client alors que les deux marques sont dans le même groupe.

Ainsi, Air France compte sur la création de la filiale "Boost" pour proposer des vols low cost long-courriers. Néanmoins, les négociations avec les salariés semblent au point mort : deux syndicats d’hôtesses et stewards d’Air France ont d’assigné leur compagnie en justice pour "déloyauté dans la négociation". Dans le même contexte, Le groupe IAG (British Airways, Iberia, Vueling) a pu bâtir en six mois sa compagnie low cost long-courrier, "Level".

Une autre solution pourrait être des rapprochements entre les deux types de compagnie. Air France serait en négociation avec Ryanair. À voire.

Les compagnies aériennes devriendront-elles toutes des compagnies low cost avec des billets pas cher et un vol "à la carte" ? Seul l'avenir le dira, mais on peut imaginer que le modèle économique des compagnies se rapprochent de celui de l'automobile par exemple, avec des prix de bases très attractifs et des options coûteuses, qu'importe le niveau de gamme. 

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